Être la maman de deux bébés, l’un décédé et l’autre bien vivant c’est dur.
Je n’avais pas anticipé mes angoisses, mes réveils avec le cœur qui bat fort. Mettre la main sur son thorax pour le sentir lui respirer.
Vivre au rythme de la peur, je ne l’avais pas envisagé, elle est pourtant là, sournoise me sussurant jusque dans mes rêves de ne pas trop vite m’attacher.

Hier à la fin du baptême j’ai réalisé que la seule fois, l’unique fois où Valou a eu du monde autour de lui c’était pour ses obsèques, la culpabilité m’est revenue, les larmes ont coulé.
Et puis, un regard vers lui et je les ai séché pour me tourner entièrement vers notre joli bébé bien vivant, il dormait paisiblement dans les bras de sa marraine qui m’a affectueusement et fermement touché le bras. Elle aussi a enterré un enfant.
Faut apprendre à vivre comme ça, apprivoiser nos peurs pour ne pas les transmettre.
Cet après-midi la sage femme qui m’a accouchée est venue nous voir, on a parlé de Valou pour plusieurs raisons et j’ai sorti tout son dossier médical, Bébé Chouchou s’est mis à pleurer, elle l’a pris dans ses bras et lui a dit que seul lui comptait pour le moment, le dossier était fermé. Il s’est calmé, tout apaisé.

Aujourd’hui j’ai reçu les photos de l’accouchement, je veux vraiment que ce petit bonhomme comprenne qu’ on l’aime très fort, pas moins que celui qui n’est plus là.
Pour être honnête, j’avais peur de trop comparer ces deux derniers accouchements et que le dernier ne soit pas « à la hauteur » du précédent, mais il l’a été. Il a été très très différent et pourtant très semblable mais il m’a surpris. Je me suis tout autant émerveillée devant ce nouveau joli poupon et peut-être même plus qu’avant.

Et ces plaques qui sonnent à cause de ce qui ressemble à des apnées du sommeil, la peur me prend à la gorge, elle serre mon cœur, j’ai des gestes plus brusques pour être sûre que tout va bien. Je suis complètement paniquée à l’idée de refaire un massage cardiaque… Il est vraiment filou ce Chouchou qui se permet ce genre de fantaisie ! Mais il nous fait rire, il nous surprend, il est si parfait avec ses traits si fins, ses doigts si longs.

Et pourtant, il faut avancer, laisser la vie d’avant pour être pleinement dans celle de maintenant.