Nos enfants et le deuil

Bonjour bonjour,

Il y a quelques jours (ou semaines ?) je discutais avec une maman qui a perdu son bébé de la même façon que nous, elle me demandait comment nos enfants avaient vécu le décès de leur frère. Je me suis donc dit que peut-être ça te serait utile de savoir de quelle façon nous avons géré et gerons toujours le deuil de nos enfants, comme nous en avons plusieurs, les réactions ont été aussi différentes qu’eux.

Evidemment je ne souhaite pas entrer dans les détails trop personnels de leur tristesse, elle leur appartient.

De manière générale, lorsque j’ai annoncé aux enfants que leur petit frère était « mort » j’insiste sur le mot, j’ai employé celui-ci et pas une image afin qu’ils l’entendent et que ce soit clair dans leur tête, j’ai également ajouté qu’aucun d’eux n’était responsable de ce décès, et que nous leurs parents n’y étions pour rien non plus.
Quelques jours après l’enterrement de notre fils, une amie parisienne en fin d’études de psychologie est venue chez nous, je lui ai demandé si elle voulait bien parler aux enfants, et donc nous donner son avis.
Ça nous a déjà aidé à dégrossir un peu les choses et comprendre un petit peu plus aussi. Je reconnais que c’est un peu le luxe même si je te rassure, mon amie n’a pas été « sur exploitée », enfin, j’espère !

Notre grand a semblé « bien réagir », mais au fil des semaines nous l’avons vu devenir plus angoissé, il avait des accès de colère à l’encontre de son frère et sa sœur, mais jamais de la dernière qui a toujours eu ses faveurs. Nous avons parlé mon mari et moi de tout ça et de la façon de le gérer au mieux. Et puis, un soir en rentrant de l’école je lui ai tout simplement expliqué qu’il était en colère, une colère légitime, qu’il a le droit d’exprimer, mais pas avec de la violence vis-à-vis des plus jeunes. Le simple fait d’avoir mis des mots sur son malaise lui a fait un bien fou et l’a apaisé presque directement, depuis il n’y plus eu ou presque d’épisodes « violents ».

Notre petit deuxième, très sensible a été immédiatement affecté et son corps l’a manifesté dès le lendemain du décès de Valou par de la fièvre, maux de tête, etc… je me suis même demandée s’il n’avait pas attrapé une grippe, mais non. Quelques jours après cela, il a commencé à beaucoup se déguiser, jusqu’à ce que je lui explique que ni la Pat’ Patrouille ni aucun super héros n’aurait pu sauver le bébé et surtout pas lui car ce n’était pas son rôle. Par la suite il pleurait énormément, nous avons donc décidé peu de temps après la rentrée des classes de septembre de l’emmener voir une neuro-psychologue qui s’est montrée douce et compréhensive, à la fin de la première séance nous avions retrouvé notre petit garçon jovial, moqueur et souriant. Il a malgré tout continué quelques séances et puis il n’en a plus eu besoin, c’est vraiment ça qui est chouette chez les petits, si l’on attend pas les soucis sont très vite « réglés ». Actuellement, pourtant nous sommes retournés voir cette psychologue car tout n’est pas « réglé », des angoisses perdurent.

Pour nos deux filles, je ne vais pas les dissocier dans la mesures où elles sont jeunes et peinent à mettre des mots sur les maux, notre troisième ressent encore aujourd’hui très souvent le besoin de nous parler de son petit frère, regarder les photos… Elle en parle toujours avec le sourire, sa joie de vivre c’est difficile de savoir ce qu’elle pense, mais elle semble très libre et très à l’aise.

La petite quatrième, notre terreur nocturne à nous (ses parents), et bien je dirais qu’elle a été extrêmement affectée, beaucoup de pleurs la nuit durant plusieurs mois. Encore aujourd’hui lorsqu’elle entend les pompiers elle se met à pleurer et vient se cacher dans mes bras, elle a très peur des uniformes, pratique quand papa est militaire me diras-tu.
Je ne vais pas non plus te cacher que nous l’avons un peu « surcouvée » après ça ce qui n’a pas aidé à sa prise d’autonomie, mais, depuis les vacances de Noël nous remettons les choses dans l’ordre et je crois que ça lui fait du bien.

J’ai écrit tout ceci juste pour te raconter comment nos enfants ont vécu et vivent encore leur deuil. Chaque enfant est un jour touché par la mort de quelqu’un de proche, je me suis dit que cela pourrait être utile. Et comme tout n’est pas fini, ça nous prendra encore plusieurs années je pourrai en reparler plus tard si ça t’intéresse.

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