
Bonjour bonjour,
Je ne compte pas parler de notre fils mort, je préfère prévenir tout de suite, je vais parler de la naissance et l’après naissance de mon fils aîné. Comme vous le savez je suis enceinte de notre huitième enfant, notre aîné va bientôt fêter ses dix ans, j’ai eu l’occasion de parler de cette naissance avec ma psy à de nombreuses occasions, et heureusement. Mais récemment, en parlant avec ma sage-femme j’ai fondu en larmes ! Sincèrement je pensais que tout ça était derrière moi, mais j’ai compris que non en partie grâce à une vidéo trouvée par hasard sur les réseaux sociaux sans la chercher du tout.

Pour vous remettre rapidement dans le contexte, ma première grossesse n’était pas prévue du tout et j’ai mis un peu de temps à vraiment prendre conscience de tout ce qui se tramait. J’ai mis encore plus de temps pour me réjouir véritablement de cette grossesse. Et à quelques jours de la date prévue d’accouchement ma mère a quitté mon père, c’était soudain, inattendu et très difficile pour la future maman que j’étais puis la maman que je suis devenue quelques jours après ça. Avec le « départ » de ma mère et un silence radio total j’ai vécu à ce moment là un abandon mais mon entourage disait que je n’avais pas à me plaindre, j’avais de « la chance » ça aurait pu m’arriver enfant blablabla… Tout s’effondrait et j’avais encore cette satané chance. Notre bébé est né et je n’ai pas ressenti l’immense vague d’amour attendue, j’étais perdue ! J’étais juste perdue.
Ce sentiment de ne pas savoir où j’habitais a duré plusieurs années. Je me suis rendue compte très récemment qu’en réalité je n’ai que très peu de souvenirs de mon grand garçon jusqu’à ses trois ou quatre ans alors que j’en ai bien plus de son petit frère qui n’a que 14 mois de moins que lui. Il était là, je m’occupais de lui correctement il ne manquait de rien, pas de câlin non plus je pense mais j’ai l’impression d’un mur entre lui et moi. Je pourrai le décrire physiquement j’ai plein de photos de lui d’ailleurs, il aimait les pompiers et les camions. Mais je ne saurais pas parlé de ses qualités ou ses défauts. En regardant une vidéo récemment sur youtube j’entendais une maman dire qu’elle se demandait ce que ça lui ferait si sa fille mourrait et ça l’a rendait triste donc elle savait que ce n’était pas un problème d’amour. Je me suis souvenue que je faisais ça moi aussi et uniquement avec lui.

La nuit de la mort de son frère, plusieurs heures avant, il est venu me réveiller car il avait mal dans la cage thoracique. Je lui ai donné un antalgique et je l’ai veillé. J’étais très anxieuse à l’idée qu’il lui arrive quelque chose. Je crois que cette nuit là j’ai réalisé à quel point je l’aimais fort, à quel point cet amour était réellement indéfectible. Au petit matin, quand notre vie a basculé j’avais cette conviction profonde dans la peine de l’amour que je vivais, et vis toujours avec ce bonhomme. C’était encore un petit cadeau de notre fils, il est passé par son grand frère pour nous montrer ce qui est le plus important. L’amour évidemment !
Aujourd’hui, je peux décrire mon grand garçon de façon spontanée et en globalité, il est jovial, coquin, gentil et très attentionné avec les plus jeunes de nos enfants, sociable. Il est aussi un peu fourbe, moqueur, têtu. Mais ce qui est le plus frappant avec lui, c’est sa capacité à voir le positif ! Un jour, nous discutions de pluie malgré le soleil, moi je n’aime pas la pluie alors je tournais ça un peu en drama et lui m’a dit oh maman, alors il y a plein d’arc-en-ciel ! Et pas plus tard que dimanche il avait sa remise de foulard au scout sauf qu’il y a eu un couac et pas de foulard, il a eu une remise fictive. J’étais dans tous mes états, j’avais l’impression d’avoir gâché sa journée, ça a d’ailleurs gâché la mienne, je me sentais tellement coupable. Le soir je suis allée le voir alors qu’il s’entraînait à faire ses noeuds pour valider des épreuves en vue de faire sa promesse, je tenais à m’excuser et voir comment il avait vécu l’échec du matin. Il m’a simplement dit tu sais, moi je suis content il a fait beau aujourd’hui. J’ai failli pleurer de reconnaissance alors que depuis le matin c’était plutôt de la culpabilité. Ces deux petites anecdotes sont vraiment représentatives de la personne qu’il est. Je suis sa plus grande fan !
