Syndrome le l’imposteur

đŸŽ”Et moi et moi et moi đŸŽ¶

Bonjour bonjour,

Du plus loin que je me souvienne je ne me suis jamais sentie Ă  ma place, j’ai toujours pensĂ© que je n’avais finalement pas droit Ă  la parole puisque d’autres savaient et savent toujours plus et mieux que moi. Quand mon fils aĂźnĂ© est entrĂ© Ă  l’Ă©cole je n’avais pas le sentiment d’ĂȘtre Ă  ma place au milieu des autres mamans. C’Ă©tait bizarre puisque j’Ă©tais dans la mĂȘme tranche d’Ăąge, je venais d’accueillir notre troisiĂšme. Mais je me trouvais nulle. C’Ă©tait comme si je vivais ma propre rentrĂ©e des classes. Pourquoi ? J’imagine que c’est liĂ© Ă  mon histoire.

En octobre 2021 mon grand-pĂšre est mort, quelques heures avant le deuxiĂšme enterrement de notre fils. Sur le moment j’ai cru que j’avais « gĂ©rĂ© » les Ă©motions pour ne pas me laisser dĂ©border et que mes bĂ©bĂ©s n’en pĂątissent aussi bien celui d’un an que celui dans mon ventre. J’y suis arrivĂ©e sur le moment, plutĂŽt bien, j’ai rationnalisĂ© malgrĂ© ma colĂšre et ma peine. Rapidement cela dit j’ai vu que ma colĂšre ne se dissipait pas, une colĂšre justifiĂ©e et normale au regard de la situation et puis autre chose, sous-jacent, encore ! Fin d’annĂ©e 2005 je dĂ©mĂ©nage, je quitte Mont-Louis dans les PyrĂ©nĂ©es Orientales pour la rĂ©gion de Lorient en Bretagne oĂč je vais vivre les prochaines annĂ©es. Lorsque je suis arrivĂ©e chez mes grands-parents le 15 dĂ©cembre, aprĂšs une journĂ©e train mon grand-pĂšre m’attendait Ă  la gare, nous sommes rentrĂ©s chez eux. Le lendemain mes grands-parents m’ont tendu un trousseau de clĂ©s, les clĂ©s de leur maison et ils m’ont dit « tu es ici chez toi ! », j’y ai repensĂ© Ă  la mort de mon grand-pĂšre et j’ai pleurĂ©, c’Ă©tait la premiĂšre fois qu’on me disait que j’Ă©tais chez moi j’avais plus de 17 ans et enfin j’avais un chez moi pour la premiĂšre fois.

Quand notre ainĂ© est nĂ©, j’ai Ă©tĂ© assez malmenĂ©e en suite de couches par les sages-femmes et puĂ©ricultrices. Je me souviens de sa premiĂšre nuit, ses pleurs je ne comprenais rien, je sonne, une jeune sage-femme entre et me dit « il a des glaires, ça va durer entre 24 et 48 heures pas la peine de sonner ! ». A 25 ans, lorsque mon fils est nĂ© je semblais ĂȘtre tout juste majeure, souvent les gens me demandaient si je l’Ă©tais d’ailleurs. Je pense avoir avoir Ă©tĂ© « victime » d’un dĂ©lit de faciĂšs dĂ» Ă  une apparente jeunesse. Ca ne s’est pas arrĂȘtĂ© lĂ , le lendemain matin une auxiliaire de puĂ©riculture vient me voir pour le bain et me passe un savon monstrueux parce que je n’avais pas changĂ© le bĂ©bĂ© et que c’Ă©tait inadmissible et blablabla. LĂ  je me suis sentie nulle, incapable, une vĂ©ritable imposture et pas une mĂšre. Je vivais en parallĂšle de cette naissance, cette maternitĂ© toute nouvelle un drame familiale personnel et j’Ă©tais seule, je me sentais dĂ©sorientĂ©e. Son premier bain, je l’ai passĂ© presque seule avec mon mari Ă  nous dĂ©brouiller par nous mĂȘme quand je voyais l’auxiliaire s’occuper avec bienveillance du couple Ă  cĂŽtĂ©, ainsi que d’une collĂšgue auxiliaire de puĂ©riculture aussi dans ce mĂȘme Ă©tablissement qui venait d’avoir un bĂ©bĂ©, je l’entends lui dire tu as toi aussi le droit d’avoir des questions mĂȘme si c’est ton mĂ©tier, et nous tourner le dos intentionnellement afin de nous ignorer au mieux. J’avais l’impression d’ĂȘtre moins importante que les autres, que je n’Ă©galais pas les autres femmes devenues maman, que j’Ă©tais moins bien qu’elles, moins lĂ©gitime.

Quand on me demande de parler de famille nombreuse je me justifie car il en manque un donc en rĂ©alitĂ© c’est pas si nombreux que ça. Quand on me demande de parler de mon fils mort, je me justifie car en rĂ©alitĂ© il Ă©tait bĂ©bĂ© et puis il n’a pas souffert donc Ă  cĂŽtĂ© des autres je me sens moins lĂ©gitime. Quand je vois des gens parler du cĂ©libat gĂ©o dans des articles alors que ça ne fait « que » quelques mois je me dis mais pourquoi les interroger eux ? Nous avons fait quatre ans de cĂ©libat gĂ©o mais au final mĂȘme pour ça je ne me sens pas lĂ©gitime. Parler d’accouchement physio je rĂ©ponds que sur sept accouchements il n’ y en que trois qui sont nĂ©s de façon physio donc bon je ne suis pas une rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. RĂ©cemment quelqu’un m’a dit que pour moi le commencement de ma maternitĂ© avait Ă©tĂ© facile comparĂ© Ă  d’autres, et si je n’ai jamais dit le contraire, je n’ai pour autant jamais cachĂ© mes larmes si nombreuses, cela dit je ne les ai jamais montrĂ© non plus rĂ©ellement, donc je suis moins lĂ©gitime Ă  tĂ©moigner de difficultĂ©s. Bref, tout sujet me fait dire que les autres savent mieux alors que non. Ils savent autrement, je connais mon vĂ©cu et au final c’est ce que l’on me demande, personne ne me demande une Ă©tude sur tel ou tel sujet. Je commence doucement Ă  en prendre conscience, Ă  me dire que si, ma voix peut compter Ă  un certain niveau, Ă  ma petite Ă©chelle.

De rĂ©cents Ă©vĂ©nements dans ma vie m’ont fait me poser milles questions, me remettre en question justement et pour la toute premiĂšre fois je suis arrivĂ©e Ă  la conclusion que non, je ne suis pas (au moins pour cette fois) la responsable ! Non ce n’est pas toujours Ă  cause de moi, et bon sang que c’est libĂ©rateur ! Je vais devoir me recentrer, travailler un peu aussi lĂ -dessus, ma lĂ©gitimitĂ©, ma voix compte et je ne suis pas insignifiante. J’ai pris rdv aujourd’hui mĂȘme pour une demande de passeport, je projette de partir Ă  l’Ă©tranger quelques jours en solo complĂštement et mĂȘme si je ne parle pas la langue du pays visĂ© tant pis, je me dĂ©brouillerai ou du moins j’essaierai. Aller Ă  ma rencontre pour Ă©largir ma zone de confort et prendre confiance en moi. C’est mon objectif, et mĂȘme si ce ne seront que quelques jours ils auront le mĂ©rite d’avoir Ă©tĂ© vĂ©cus ! En attendant, je compte bien partir quelques jours en Normandie quelque part en solitaire pour visiter, me reposer et profiter !!

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2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. La confiance en soi est tellement un processus profond que je me demande si moi aussi, je ne suis pas comme vous en vous lisant. Les gens sont une coquille vide la plupart du temps, un vernis d’apparences. Un copain infirmier (j’ai envie de dire black mais depuis certain temps, on culpabilise toute rĂ©fĂ©rence aux origines alors je me tais) bref, il Ă©tait du SĂ©nĂ©gal et c’Ă©tait un sage. Un vrai. J’Ă©tais en deuxiĂšme annĂ©e et je n’avais plus confiance, comme vous, les autres Ă©taient toujours plus lĂ©gitimes…Et un jour, alors que je comptais tout lĂącher, il me dit cette phrase:  » il suffit de charger le paraĂźtre pour animer l’ĂȘtre »
    Nous sommes tous des « chargeurs de paraĂźtre » on fait tous semblant d’en connaĂźtre un rayon sur tel ou tel sujet, ou ne pas connaĂźtre du tout , juste pour qu’on s’occupe de nous. Mais en fait, ce que nous cherchons des autres, c’est nous-mĂȘmes. Nous sommes les premiers acteurs de notre propre rĂŽle, dont ce dernier n’est pas clair, ni pour nous, ni pour les autres. Voyez l’imbroglio?
    Tout est vain et ma foi, je m’en remet souvent Ă  Proust:

     » J’avais rĂȘvĂ© d’ĂȘtre compris, de ne pas ĂȘtre mĂ©connu par elle, croyant que c’Ă©tait pour le grand bonheur d’ĂȘtre compris, de ne pas ĂȘtre mĂ©connu, alors que tant d’autres auraient pu mieux le faire. On dĂ©sire ĂȘtre compris, parce qu’on dĂ©sire ĂȘtre aimĂ©, et on dĂ©sire ĂȘtre aimĂ© parce qu’on aime. »

    Bonne suite et merci pour votre courage et sincérité. Bonheur à votre famille

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  2. Tu as bien raison de te planifier un voyage! Hier j’ai rĂ©servĂ© un voyage de 3 jours pour aller Ă  Marrakech
 seule! Je suis effrayĂ©e et tellement excitĂ©e Ă  la fois!

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