
Il y a trois ans nous avions enfin, après presque cinq mois d’attente, les résultats d’autopsie de notre fils. Et moi, ce jour là j’ai eu l’impression qu’on me disait pour la deuxième fois « votre bébé est mort! » Pourtant, c’était mieux qu’imaginé puisque qu’il est mort en pleine santé. Nous n’avions pas de maladie génétique à déplorer, nous pouvions donc envisager une nouvelle grossesse sans angoisse, ce fut un énorme soulagement. Elles, la médecin accompagnée de la psychologue les mêmes que le jour de sa mort, nous ont dit que nous n’y étions pour rien, un coup de mal chance. C’est sûrement vrai.
C’est sûrement vrai, malgré tout, je culpabilise encore plus depuis, ça n’aurait pas dû arriver, si j’avais été le voir à 3h cette nuit là, si je l’avais gardé contre moi, si… En réalité ce serait peut-être quand même arrivé, ou bien non ! Il a eu un virus c’est une certitude, peut-être un pic de fièvre on ne le saura jamais. Il y a forcément une raison à sa mort mais la médecine n’est pas encore capable de l’expliquer. C’est toujours mieux que les réflexions désagréables des pédiatres depuis qui m’ont dit, quand j’étais seule, d’un ton condescendant « on ne sait pas pourquoi il est mort c’est le principe même de la mort subite madame ». Cette phrase me fait bondir ! Comment peut-on dire ça d’un enfant de cinq semaines en pleine forme ?! L’arrogance est sûrement là pour pallier un manque de connaissance, c’est dommage, ça n’aide pas à accepter, surtout lorsque c’est dit à la maternité pour une naissance d’un suivant.

Mais il y a trois ans je portais un sweat « Wonder Woman » à paillettes dorées, pour me rappeler de l’être, ou d’essayer de faire de mon mieux. Depuis, quand je le porte j’essaie toujours de m’en souvenir. Ce jour là, c’etait pour me donner du courage aussi, d’affronter cette journée durant laquelle j’ai eu l’impression de le déposer encore une fois sur ce lit froid. Il semblait dormir, seul son nez rougit trahissait qu’il y avait un souci. Les souvenirs sont intacts. A présent il occupe seulement 85 à 90% de mes pensées, j’ai peur qu’un jour il ne soit plus dedans pendant toute une journée. Et pourtant, ça arrivera peut-être dans quelques temps et peut-être que je l’accepterai. Hier nous étions au spectacle de Noël des enfants, et pendant que les quatre grands chantaient je pensais à lui qui ne chantera jamais alors qu’il aimait nous écouter chanter, il posait sa tête sur mon coeur et s’endormait.

Cette année c’est difficile pour moi, heureusement le programme est chargé, malgré la nuit très courte je vais être bien occupée, et fatiguée. Cette année j’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé, mais lui n’est pas là. Alors je vais profiter encore plus d’eux tous, me réjouir encore plus de leurs vies, leurs bêtises et surtout leurs câlins intenses et spontanés.
🎵« Je renoncerais à tout l’or et l’argent
Pour une seconde près de toi mon enfant
Je renoncerais à tout l’or et l’argent
Non rien au monde ne vaut ta vie mon enfant » 🎶
