Bonjour bonjour,

Je me suis rendue compte que je n’en ai jamais parlé et pourtant c’est quelque chose de TELLEMENT important, le syndrome du bébé secoué ou SBS. C’est le principe de secouer très fortement un enfant, Bébé ou pas, d’avant en arrière de sorte que le cerveau vient taper la boîte crânienne et provoque très souvent de très lourds handicaps et même hélas la mort de cet enfant.

Quand on en parle comme ça à quelqu’un qui n’a jamais eu d’enfant ou qui a de grands enfants on se dit simplement « faut être taré pour faire un truc pareil ». Et un jour, on a un bébé, qui pleure parfois plusieurs heures d’affilées, on est fatigué, on en a marre, on a tout fait le repas, la couche, le câlin, et recommencé encore et encore… Et Bébé ne s’arrête pas de pleurer. Et nos nerfs lâchent parce qu’on est humain.

La première fois que ça m’est arrivé, mon fils aîné avait trois semaines, je dormais il était 23h30, mon mari me l’amène pour que je le nourrisse et le change (oui il aurait pu le changer lui, mais il était encore bien novice lui aussi). Je fais tout ça mais il ne s’arrêtait pas de pleurer, sa couche avait débordé et il avait froid. Bref, ce soir là je me suis vue le secouer juste pour qu’il se taise, pas pour lui faire du mal juste avoir du silence. Je ne m’étais jamais sentie autant vulnérable et tellement coupable. Je vous rassure, je ne l’ai pas secoué, jamais mais voilà.

Et le pire pour moi, après la naissance de ma petite troisième, je l’ai déjà expliqué, mon mari est parti en mission le jour de mon retour de la maternité. J’étais donc seule avec trois enfants de moins de trois ans. Et cette petite fille me réclamait les bras en permanence jour et nuit, tout le temps. Il y a eu des jours et des nuits durant lesquel(les) je me suis vue la jeter avec énormément d’élan contre son mur. Mais cette naissance m’a beaucoup éprouvée, ce baby blues m’a affecté. Durant quatre semaines j’ai eu des pensées extrêmement noires que je ne souhaite pas aborder.

Il y a encore peu de temps, en janvier je crois, ça m’est arrivé avec Chouchou qui est notre sixième pourtant et qui avait 16 mois déjà. Chaque fois que moi je m’occupais de lui il pleurait et pas avec son papa. Dès le matin il pleurait j’étais démunie et vexée. Ce matin là après une énième crise je l’ai remis dans son lit, je suis sortie j’ai fermé la porte et j’ai pleuré dans les bras de mon mari. Après ça j’ai été capable de m’occuper de lui.

Si je raconte mon histoire, dont je ne suis pas fière du tout, c’est pour dire que ça PEUT arriver à tout le monde de l’imaginer. Ça peut, mais ça ne DOIT pas arriver, jamais. Le secouer ne fera pas taire l’enfant, mais ça peut le tuer. Alors le mieux, c’est de passer le relais au papa s’il est disponible et pas trop sous pression lui aussi ou à quelqu’un de confiance. Si ce n’est pas possible, le poser doucement dans son lit sur le dos, en sécurité et sortir de la pièce, voir de la maison. Ce n’est pas honteux d’être fatigué(e) et de le reconnaître. C’est sain même, c’est une sécurité pour l’enfant aussi de connaître nos limites d’adultes.

Dans les procès des « secoueurs » d’enfants les peines sont souvent faibles car les jurés, parents eux aussi parfois s’identifient à celui qui secoue parce que je pense que tous les parents honnêtes savent qu’ils ont un jour pété un plomb. Sauf que l’enfant handicapé ou mort lui n’est pas responsable. Heureusement que même si on perd tous un jour la tête nous ne secouons pas nos bébés, enfants… Alors gardons en tête qu’il vaut mieux le laisser pleurer que secouer ! Dans les maternités ils n’ont pas tellement le temps d’en parler après les naissances mais vraiment si vous sentez que pour vous les pleurs de bébé sont trop difficiles à supporter parlez en à une sage-femme, une doula, vos amies (les vraies qui ne jugent pas mais écoutent et même peuvent aider), un médecin de famille, quelqu’un en tout cas.

N’hésitez pas à aller sur le site Stop Bébé Secoué pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous informer. N’hésitez pas à parler si vous vous sentez dépassé, ça arrive !