Le 4 décembre 2020, après plusieurs semaines à y réfléchir j’ai sauté le pas et je suis devenue rousse. Je me suis moi-même détachée de l’image lisse que je renvoyais, ce changement de couleur m’a fait un bien fou car il reflétait aux yeux des autres que j’avais changé, que j’ai changé même. Cette « nouvelle couleur » ne fait pas l’unanimité, elle ne plaît pas à certains de mes proches mais plaît beaucoup à mon mari et à certaines amies. Il y a eu ces regards étonnés de gens qui ne croyaient pas que ce n’est pas ma couleur naturelle.

Il y a eu mon propre regard qui s’étonne encore de ne pas se lasser de cette couleur si particulière, mais que l’on peut faire évoluer au moins autant que le blond finalement, une vraie surprise. Elle est particulière sans être extravagante ou un peu folle, ça reste dans le « raisonnable », comme moi. Cette couleur reflète celle que je suis, mais aussi celle qui n’est plus là depuis deux ans et quelques mois. Le blond je l’ai aimé, énormément, c’était moi, et d’ailleurs une photo de moi sortant de chez le coiffeur quelques jours avant mon cinquième accouchement reflète parfaitement ce que j’étais et ce que j’aimais être. Sa mort a tout changé, m’a changé en profondeur, évidemment. Je ne me reconnaissais plus en blonde, ça représentait mon insouciance de l’avant. J’ai mis le temps, plus d’un an même avant de me dire, que j’avais besoin de ce changement, d’accepter ce besoin.
Ce changement de couleur a induit d’autres changements, il a coïncidé avec des portes refermées grâce à ma psychologue que je ne remercierai jamais assez. Avec cette couleur j’ai laissé partir certains traits de ma vie, j’ai accepté de travailler sur d’autres aussi. J’en parlerai en début d’année prochaine, mais j’ai aussi compris que je ne peux pas plaire à tout le monde, mais que pour autant je ne suis pas responsable des humeurs des autres. Et oui, je suis persuadée même si ça paraît futile, peut-être que ça l’est finalement ? que d’avoir changé de couleur pour une couleur de caractère m’a changé moi aussi bien plus en profondeur que ce que j’imaginais. Je vieillis, et je comprends de plus en plus et de mieux en mieux ce qui est bon pour moi, ce qui ne l’est plus, ce que je peux tolérer et ce que je ne peux ni ne veux plus tolérer.

Alors voilà, il y a un an, le 4 décembre 2020 je prenais la décision de devenir rousse, sans trop savoir si j’allais m’y faire mais avec la ferme intention de me laisser tenter, me laisser changer. Aujourd’hui, 4 décembre 2021 je suis à nouveau chez le coiffeur, modifier un peu ma couleur, ma vie ? A n’en pas douter je crois bien que oui. Changement de tête = changement de vie ? Moi, je dis oui !
