Bonjour bonjour,

Aujourd’hui je reviens sur ma semaine dernière. J’avais prévu de partir une semaine chez mes grands parents afin de divertir ma grand-mère de qui je suis proche, pendant une longue hospitalisation de mon grand-père. Nous sommes partis vendredi mon mari, nos enfants et moi en direction de la Bretagne. Ce n’était pas une semaine de vacances pour moi, mais ça l’a été encore moins que prévu ! Sur le trajet, un appel de Toulon, et tout a basculé…

Le monsieur des pompes funèbres nous a telephoné alors que nous étions sur la route pour nous annoncer que notre Valou pouvait bénéficier du trajet d’un adulte pour nous rejoindre en Bretagne. Nous pensions que ça se ferait fin octobre alors quand on nous dit qu’il va arriver le 7 octobre c’est un choc. Évidemment nous acceptons car les frais vont être sacrément réduits pour le faire venir de Toulon ! Mais dans ma tête il se passe 1000 choses ! Je comprends en même temps sans pouvoir le formuler que mon grand-père va mourir. Ce n’est pas explicable mais je sais. Nous arrivons chez mes beaux-parents, je me couche tôt le soir, et je m’endors de suite. Je suis réveillée vers 22h30 par un appel qui m’annonce que mon grand-père est en stade terminal d’un cancer du pancréas.

A ce moment précis je comprends qu’il lui reste très peu de jours à vivre, que je peux le compter en heure. Je suis dévastée parce qu’il ignore son cancer lui-même alors qu’il aurait pu être détecté il y a plusieurs mois. Je suis en colère parce qu’il a souffert abominablement et que le personnel médical qui s’occupait de lui depuis un mois environ disait qu’il faisait du cinéma, son médecin traitant aurait dû s’inquiéter de bien des choses mais n’a rien vérifié et par ailleurs depuis son hospitalisation fin août n’a pas daigné prendre des nouvelles alors qu’il savait que mon grand-père était à l’hôpital. J’en veux à la terre entière. Bien sûr, c’est un vieil homme donc la mort à plus de 87 ans n’est pas une découverte, ce sont les circonstances qui me hantent !

Le samedi, je vais donc voir mon grand-père à l’hôpital de Lorient, je ne décrirai pas ce que j’ai ressenti tant mon cœur est douloureux depuis, hanté par ses images même si depuis j’ai vu pire. Je n’ai pu retenir mes larmes devant lui et il a compris que c’était la fin de sa vie. J’ai pu lui parler des enfants, les miens et la fille de ma sœur, il a ri. Il a vu, je crois, les dessins des enfants pour lui. Nous lui en avons accroché un par jour sur le tableau dans sa chambre jusqu’à son décès. Après son décès le personnel soignant demandera à ma sœur de qui étaient les dessins qu’ils ont vu défiler durant ces quelques jours. Des dessins hauts en couleurs, plein de vie. C’est la dernière fois que je l’ai vu éveillé.

Le week-end est passé, nous avons décidé que nos quatre grands resteraient chez mes beaux parents et Chouchou et moi chez mes grands parents, chez mon oncle etc… Thierry est rentré le dimanche chez nous pour revenir mardi soir afin d’enterrer une nouvelle fois notre fils en Bretagne le mercredi matin. Heureusement que le petit dernier est cool car il a accepté de dormir partout sans faire d’histoires, est allé dans les bras de tout le monde avec le sourire, ce qui est très soulageant pour moi.

Mercredi matin, appel tôt de ma petite sœur, je décroche fébrile, mon grand-père est mort en début de nuit. Je suis très triste, mais aujourd’hui c’est le deuxième enterrement de notre fils. La famille de mon mari est présente, une amie à moi est présente, ma famille n’a pu venir évidemment ! Le petit cercueil nous est montré, en partie du moins, il est toujours blanc et ce que l’on en voit est en bon état. La cérémonie commence devant sa tombe blanche et belle, je commence à chanter « Notre cité se trouve dans les cieux… » si au départ on entend les sanglots dans ma voix, le savoir dans un endroit digne me donne la force et la joie dont j’ai besoin. Nous terminons ce joli moment assez rapide par le chant « Regarde l’étoile » comme le 16 juillet 2019. Moi, je suis heureuse et apaisée.

Le reste de la semaine nous avons préparé la messe d’enterrement de mon grand-père qui promettait de réunir beaucoup de monde, le repas d’après, le « pot » avec ses copains. Puis, le jour J nous avons commencé la cérémonie par « Notre cité se trouve dans les cieux… » après les trois éloges funèbres. J’ai vu des gens pleurer alors que je n’imaginais pas les voir pleurer eux, j’ai vu un amiral quatre étoiles pleurer (pour ceux du métier vous saurez que c’est plutôt rare). Pour rester dans la vie pure, notre fils aîné qui était servant de messe a vomi pendant la messe devant tout le monde au pied de l’autel. J’étais catastrophée, mais mon mari et ma sœur ont géré comme des chefs ! Et ça a fait bien rire le curé de la paroisse. En sortant de l’église, devant le cercueil recouvert du drapeau tricolore, ses médailles et son béret vert qu’il aimait tant, les anciens commandos ont chanté le plus beau « Loin de chez nous » que j’ai pu entendre de ma vie. Ils ont salué militairement le cercueil et nous sommes partis au cimetière.

Après la messe et le cimetiere, le pot et le repas, j’ai revu ma famille paternelle que je n’avais plus revu depuis l’enterrement de ma tante… On s’est dit que ce serait sympa de ne pas attendre le prochain enterrement pour faire une fête ! Ce jour là, il ne manquait que lui, il aurait aimé cette journée c’est certain ! Mais je me suis dit aussi que là-haut il avait rejoint tous ses copains, et il y en avait beaucoup là-haut aussi des copains ! Et bien sûr, sa fille quittée deux ans plus tôt, notre fils qu’il n’a pas eu le temps de connaître ici bas et enfin mon frère mort il y a vingt-huit ans déjà !

Voilà ce retour rapide sur cette semaine très remplie de nos vies. Deux enterrements en quatre jours c’est quand même éprouvant.