
Bonjour bonjour,
Il y a deux ans nous disions au revoir à notre bonhomme sous une chaleur écrasante. En arrivant le matin tôt à la chambre mortuaire, nous avons eu le temps de nous réunir avec quelques personnes proches autour de lui, dire une prière, chanter… Ma tante lui a donné un baiser, ça m’a marqué je n’ai pas été capable de le faire moi-même. Il avait été placé dans son tout petit cercueil blanc, dans le châle fait mains par ma grand-mère pour le mariage de ma sœur. Il était bien avec son doudou, sa petite pieuvre à laquelle il s’accrochait souvent, il avait des dessins fait par ses frères, des lettres, une médaille miraculeuse accrochée au châle. Je ne pourrai pas dire qu’il était beau ou qu’il semblait dormir, non il n’était pas moche, il n’a pas été abîmé par l’autopsie par chance. Néanmoins il n’avait pas sa couleur de bébé vivant rosé de chaleur ou les traits reposés dont il disposait si joliment avant. Il a fallu fermer son cercueil, alors nous l’avons fermé, scellé et déposé dans le corbillard ensembles.
Nous avions préparé les chants, j’avais choisi les textes, heureusement, des amis s’étaient spontanément proposés de lire lecture ou Psaume donc la partie technique de la messe s’est gérée facilement. Notre famille a pris en main le choix de fleurs, Sylvie et sa voix, le curé nous a épargné le mot d’accueil, j’aurais été bien incapable de le lire celui-là… Nous avions choisi pour les enfants et nous d’être en bleu marine et blanc, le noir étant à mon goût trop triste pour un bébé. Thierry et sa sœur ont porté le cercueil minuscule pour entrer dans l’eglise tandis que j’avais ma Cénouche dans les bras, elle avait besoin de moi. L’équipage de mon mari était là, en uniforme blanc, c’était impressionnant, très joli surtout. Mes collègues et amis étaient présents aussi, nombreux ! Mon binôme était présent et j’étais tout particulièrement émue et touchée parce qu’il est musulman, pour moi il est entré dans l’église. Nous avons eu une messe magnifique durant laquelle Thierry a été mon pilier.

Deux ans sont passés et pratiquement aux même dates nous avons eu rendez-vous aux pompes funèbres avec le monsieur qui était le maître de cérémonie de l’enterrement. Il nous a reçu comme il y a deux ans, prenant le même ton de voix posé. Il comprend notre tristesse présente et nous laisse libre dans nos choix, encore. Cette fois, c’est juste de l’administratif, mais c’est long et puis c’est très cher aussi. Mais ce sera fait !
Cette année, plus que celle passée j’ai l’impression de vivre « comme il y a deux ans » me remémorant ce que je faisais à la même heure, ce que je ressentais… D’ailleurs, dimanche la marraine de Chouchou me demandait comment se portait mon ventre, j’ai eu mal au ventre j’ai pris des médicaments toute la semaine, et encore aujourd’hui. Dimanche j’ai pleuré comme ça m’arrive rarement, mais Thierry était là, a posé ma tête contre son torsé faisant rempart au passage entre les autres et moi. Je sais que de là-haut il veille sur nous tous et ça reste une vraie joie !

Dimanche midi nous recevions des amis à déjeuner et le parrain de ma Quellou m’a interpellé « c’était pas un enterrement Morgane, c’était tellement magnifique que c’était un enciellement« . Et c’est si vrai !!