
Bonjour bonjour,
Ça fait environ deux ans que la dépression du post partum n’est plus taboue, enfin ! Il était temps ! Mais alors, a-t-on le droit d’aller bien ?
Ce matin, sous un post instagram qui parlait de la dépression du post partum j’ai eu l’indelicatesse, ou l’audace de dire que bien qu’on ait le droit d’aller mal après la naissance d’un bébé, on peut aussi faire le choix d’aller bien. Si on choisit de changer de regard on peut aller bien. J’ai également précisé que lorsqu’on retrouve son bébé mort, finalement être fatiguée, le baby blues etc… peuvent aussi nous manquer. Évidemment une réponse ne s’est pas vraiment faite attendre, je suis : « culpabilisante » par une maman qui elle aussi a enterré un enfant et n’était pas d’accord avec moi, ce que je comprends évidemment !

Je me suis demandée pourquoi je n’avais pas moi aussi fait cette fichue dépression, pourquoi moi j’allais « bien », pourquoi même pour ça je ne rentre pas dans le moule ?? Et bon sang comme je culpabilise d’aller bien. Je suis mal à l’aise d’être heureuse, un comble non ? Mais oui, j’ai fait le choix, il y a environ cinq ans, d’aller bien et de voir le positif dans ma vie. J’ai passé trois trop longues années à me plaindre, trois années gâchées à ne profiter de rien ni de personne, trois années à pleurer. Pour rappel, après mon troisième accouchement j’ai vécu une véritable descente aux enfers que personne ou presque a vu, je pleurais du matin au soir et du soir au matin ! C’était l’horreur à la maison. J’ai décidé le jour de mon quatrième test de grossesse positif (le 15 juin 2017) que c’était terminé désormais.
Rassure toi, ma vie n’est pas parfaite et je ne suis pas parfaite ! Mon entourage peut largement en témoigner ! À commencer par mon mari d’ailleurs qui est celui qui supporte mes humeurs, mes larmes quand il y en a etc… Je suis régulièrement sollicitée par mes amies qui viennent d’avoir des bébés et qui, bien souvent me disent « moi je me plains avec un (ou deux) alors que toi tu en as plus et tu ne dis rien ». Je réponds à chaque fois, systématiquement que TU AS LE DROIT DE PLEURER ! Non la maternité ce n’est pas juste du bonheur, mais j’essaie de les aider à garder en tête qu’il vaut mieux en baver avec un bébé même si c’est très difficile que comprendre que le trou béant laissé par son absence ne pourra jamais être comblé. Évidemment, lorsque les hormones sont trop présentes les mots ne servent à rien, l’émotionnel est trop présent le cœur l’emporte sur la raison et heureusement…

Mais cette histoire de dépression ou de gros mal être à la naissance d’un bébé me fait amèrement penser aux phrases toutes faites à propos des couples genre « vaut mieux être heureux seul que mal dans une relation fausse » ou « faut arrêter de faire semblant d’être heureux en couple ». D’accord, ai-je le droit d’être heureuse, et amoureuse de mon mari ? J’en doute beaucoup en ce moment…
Il y a peu de temps je me suis rendue sur la tombe de mon bébé pour la première fois depuis des mois, j’étais seule avec lui pour la première fois depuis son décès, et j’ai pleuré de honte et de culpabilité car même pour lui je ne suis pas la mère que j’espèrais être. Je n’arrive pas à aller au cimetière.

A la naissance de Chouchou j’ai été extrêmement tendue pendant plusieurs semaines, stressée à l’idée de le trouver inanimé, et mon mari était dans le même état. A tel point que notre bébé était « formaté », pendant plusieurs mois il remuait dans son lit dès que nous passions la tête dans sa chambre, comme pour nous dire « ne vous inquiétez pas trop, je suis toujours là ». J’ai culpabilisé après coup de lui avoir imposé cette attitude. Cependant, je suis presque sûre que si nous avons un autre bébé il aura les mêmes injonctions car nous aurons les mêmes angoisses.
Et pourtant, mes angoisses et autres larmes ne se sont pas traduites en dépression post partum. Je ne sais pas pourquoi, je ne comprends pas, et malheureusement je crois que ça aurait presque été plus simple vis à vis du regard des autres. Et sûrement du mien aussi d’ailleurs pour être honnête, me dire bon, c’est bon le monde et toi aussi peut constater que la naissance de cet enfant n’enlève pas ta tristesse. Je sais aussi que je ne suis à l’abri de rien, qui sait, si un septième bébé se présente peut-être que je passerai moi aussi par une dépression, je ne suis au-dessus de personne heureusement.
Pour l’heure, je me sens aussi heureuse que durant le premier semestre 2019 ce qui me fait peur car je me demande sincèrement ce qui va nous tomber dessus dans les prochaines semaines… En attendant, je profite de mon mari, mon bébé et nos grands qui seront bientôt en vacances.
Et toi, tu as vécu un gros mal-être après une naissance ?
