
T’es vraiment trop grosse. T’es petite. T’as aucun goût, j’ai honte de sortir de la voiture avec toi. Tu ressembles à rien. Après ton premier enfant tu vas être obèse toi, comme ma sœur. Tu ne sais pas t’habiller, t’es vraiment la pire de toute toi. Moi à ton âge je faisais du sport. Moi à ton âge j’avais de meilleures notes. Comment ça tu ne parles pas espagnol couramment au bout de 2 ans, moi j’ai mis que un an pour apprendre l’italien. Tu devrais avoir honte. Quand les adultes parlent tu n’as pas droit à la parole. Tu as vidé le lave-vaisselle, passé l’aspirateur et la toile, mais tu n’as fait que ton devoir je n’ai pas à te dire merci. Je te l’avais bien dit que celle-là ne nous donnerait jamais satisfaction. Si j’étais né au même endroit que toi, j’aurais honte moi aussi. Pleure pas que t’as pas de copain, si tu te maquillais un peu ce serait mieux. T’es vraiment pas à la mode. Tu sais pas te coiffer, tu ressembles à rien. Je préférerais avoir des cochons à des filles. Ta petite sœur aurait fait ça mieux que toi, mais toute façon on peut rien te demander à toi. T’es qu’une feignasse. Tu feras rien de ta vie. La mère de ta copine a de la chance d’avoir une fille mince et qui a de bonnes notes. Les filles qui ont un métier d’homme sont des salopes. Je te l’ai acheté parce qu’il ne coûtait rien.
Voici un petit panel non exhaustif de ce que j’ai entendu de ma naissance à mon départ de chez mes parents vers mes 17,5 ans.

Voilà pourquoi je fais du sport au point de porter du 34 après la naissance de mon 5ème, voilà pourquoi je suis dans la consommation perpétuelle de vêtements. On me reprochait mon manque de style, sachant quand même que je n’avais que les vêtements de ma grande mais aussi de ma petite sœur plus grande que moi en taille.
Si je poste ça aujourd’hui ce n’est pas pour faire pleurer dans les chaumières, loin de là. C’est juste pour dire que dans la vie on fait des choix. Selon ma psychologue j’ai été une enfant maltraitée, certes je n’ai pas été une enfant battue, j’ai pris des fessées et des gifles mais pour être honnête ce ne sont pas les corrections corporelles qui m’ont marquées. Les mots en revanche, eux restent ! Et je me rends compte à quel point il est difficile de se construire mais aussi aider mes enfants à se construire avec ce passé, ces phrases. Cette impression de regard par-dessus mon épaule. Le jugement permanent, et les réflexions blessantes. L’absence d’affection fait des dégâts, le manque de complicité également. Alors même si je crie moi aussi, à chaque fois nous discutons avec l’enfant de la dispute et nous demandons pardon, nous disons à quel point nous les aimons et sommes fiers d’eux.

J’ai fait le choix de ne pas être la même mère que mes parents, j’ai fait le choix de ne pas humilier, mentir ou rabaisser. Et si tu as eu les mêmes remarques pour te construire, rassure toi ça ne te définit pas !
Tu a de la valeur, aime toi !
