Aujourd’hui j’avais prévu un article à propos de Valou. Il est écrit, prêt à être posté, mais je ne l’avais pas programmé hier ni publié ce matin.

Ce matin, mon mari a reçu un appel désagréable d’une relation de travail. Ils sont rentrés dans la Marine la même année, mais n’ont pas la même spécialité ni la même vie. Je ne connais pas cette personne, mais ce matin il m’a blessé. Pendant cet appel, ce monsieur a fait un énorme caprice, le manque de personnel apte à travailler étant de toute évidence insuffisant.

Ce matin, il a dit que la mort de notre bébé n’était qu’un prétexte à sa flemme d’aider les autres, de travailler. Si j’avais pu, j’aurais arraché le téléphone des mains de mon mari et je lui aurais dit ses quatre vérités à ce brave garçon. Il m’a profondément blessé par ses paroles, de colère et de tristesse après que mon mari a raccroché j’ai pleuré. Et là encore, mes larmes coulent.

Depuis le mois de juillet beaucoup nous disent comment nous devons nous comporter, ce que nous devons penser, quoi dire. Mais personne ne sait ce que je ressens quand je pose une assiette à l’endroit même où j’ai mis pour la dernière fois sa couche à mon bébé mort. Quand je regarde le sol et que je me rappelle que c’est là que nous lui prodiguions son massage cardiaque. Quand je vois cette plante, je revois Thierry et Valou dans ses bras enveloppé dans une couverture en polaire inutile à son corps, je me revois par terre à pleurer. Quand aujourd’hui nous nous réjouissons d’embellir sa tombe du « carré des anges » qui ne porte d’angélique que le nom, afin qu’elle paraisse moins sordide alors que je me demande chaque jour dans quel état est son pauvre corps aujourd’hui.

Depuis ce matin je suis en colère ! Il a rappelé pour s’excuser, c’est louable, il est surmené, il « ne savait pas ». Mais le mal est fait. Ce matin, un homme qui ne me connaît pas et que je ne connais pas m’a blessé.