
Parce que cette semaine tu aurais dû fêter tes 4 mois…
Bonjour bonjour,
Cet article va peut-être te sembler étrange, j’avais juste envie de temoigner qu’on peut choisir d’être heureux en toute circonstance.
Oui j’ai écrit il y a quelques semaines ma tristesse face au temps qui passe et à sa petite vie arrêtée. Continuer à vivre en passant plus de temps sans lui que avec lui. Mais il faut aussi continuer à vivre. Alors je vais te raconter ce qui m’a aidé de façon immédiate, ou qui m’aide à plus long terme.
Ce qui m’a consolé immédiatement a été de savoir que mon bébé n’a pas souffert, tout le personnel médical qui l’a vu, des pompiers arrivés en tout premier à la pédiatre de la Timone qui a été la dernière à le voir avant son autopsie, tous nous ont dit que notre bébé était magnifique et n’avait pas souffert. Je me suis dit que je n’ai rien loupé de visible, il allait bien.

Nos familles, sont arrivées très vite, pour ceux qui sont venus, et nous ont entouré. Et puis, nos amis qui nous ont appelé, ça m’a d’ailleurs tellement surpris ! Celle qui est venue sans réfléchir à 7h20 après mon appel, pour s’occuper de mes grands. Beaucoup m’ont appelé car espéraient avoir mal compris mon message d’annonce, beaucoup sont restés prostrés, interdits. Certaines amies ont pleuré avec moi au téléphone ne pouvant cacher leur peine. Et assez singulièrement je dois t’avouer que ça m’a fait du bien, je me suis sentie moins seule dans ma douleur. Car il n’y a rien de pire selon Mère Teresa que l’isolement dans la souffrance. Vivre sa peine, sa souffrance seul c’est terrible.

Ce qui m’a aidé a été le « Réjouis toi » récité dans la chambre de l’hôpital de Toulon entre mon mari, notre fils et moi. Et puis, mon amie qui a fait dire la messe à la chapelle de l’Immaculée Conception à Lourdes le matin même pour lui, pour nous. Ma tante (décédée depuis) qui a fait dire la messe du jour pour lui aussi. Mon autre amie, toute jeune maman, juste quelques semaines plus tôt, celle que j’ai peinée le plus à prévenir de peur de la traumatiser, elle a demandé une messe en Bretagne, au même moment que la messe d’obsèques de Bébé. Nous lui avons envoyé le choix des textes et chants. Notre petit chou a été béni, et nous sûrement plus encore.

Le jour de sa mort j’ai pensé à sa naissance, si récente. Et j’ai pensé à cette phrase dite par ma sage-femme, « tu verras Morgane, cet enfant va t’en apprendre beaucoup sur la vie ». Cette phrase je me la répète souvent quand j’ai un coup de mou. Et il me fait voir la vie autrement, la maternité différemment. Il nous en apprend énormément, sa vie est féconde, il a tout bouleversé sur son passage et ce sont aussi les paroles de beaucoup de proches ou pas qui nous ont vu depuis sa mort.

Le soir du décès, je me suis couchée très très tard, mais j’ai tout de même regardé une partie du film Gaspard entre terre et mer sur YouTube. Si tu ne connais pas cette histoire (vraie) je t’invite vivement à aller regarder ce film ou bien des reportages plus courts. J’avais besoin de me confronter à la vie de parents qui avaient eux aussi enterrés leur enfant. J’avais besoin de voir qu’on peut être heureux après. Oui, nous avons encore des choses à vivre, de l’amour déjà, des joies beaucoup de joies. Nous avons quatre enfants qui vont bien, qui vivent.

Avec la rentrée scolaire, tous les amis et connaissances sont de retour après les vacances et nous sommes invités un peu partout pour des dîners, boire un café etc… Je peux te dire que jusqu’à maintenant nous n’avions pas eu de vie sociale aussi remplie !
Si j’avais envie d’écrire à ce sujet, c’est parce que plus d’un mois après la mort de mon tout petit je me suis enfin motivée à créer les cartes de remerciements. J’en parle avec deux amies, l’un d’elle me fait part de son souhait de ne pas recevoir cette carte. C’est trop difficile pour elle de penser à la courte vie de notre fils. Je la comprends, elle est maman et je sais qu’on veut éloigner la mort de notre quotidien quand on est maman. Mais, mais, je veux quand même assurer qu’on peut continuer à vivre et même être heureux. Oui, quand je cherche au fin fond de mon coeur je suis objectivement heureuse et en paix malgré la douleur et la peine. Quand je pense à lui, à son absence j’ai un trou dans le coeur, dans le ventre. J’ai mal physiquement et psychiquement. Je pleure, mais je souris et je ris aussi. Il a eu une jolie petite vie, entouré de ses frères et soeurs. Nous ne savions pas, lui savait. Et nous avons mis une grosse dose de vie à ses jours à défaut de jours à sa vie.
Il m’en apprend déjà tant sur la vie
