A l’occasion de mes 30 ans, j’ai eu envie de te faire part, même si c’est loin d’être facile, d’une partie assez douloureuse de ma vie :
Aujourd’hui, c’est un anniversaire rond pour ma naissance sur la terre, pour toi en 5 pour ta naissance au ciel. On sera lié tous les deux par cette date pour toujours et dans l’éternité.
Il y a 25 ans tu as choisi de partir un mercredi matin, tu as écouté ce que tout le monde te demandait. Cette date a marqué un tournant dans notre vie à tous. Je pense que tu as veillé sur nous tous, mais surtout nous tes sœurs et tes parents. Et je crois que tu as un peu lâché la rambarde quand la plus jeune s’est retrouvée en fin d’études… Tu en avais le droit, tu as plus que rempli ton contrat !
Pour nous, après ton départ il a fallu continuer à vivre, réapprendre à vivre même pour être exacte, pas simple car à la maison nous n’avions pas le droit de parler de toi, papa ne le supportait pas. Puis, moi quand j’allais à l’école, dans la classe de « ton maître » qui pleurait juste en me regardant, moi qui pleurais en chantant les comptines que tu m’avais apprises… Rêver de toi chaque nuit, jusqu’à la dernière dans laquelle tu m’as dit que tu ne viendrais plus me voir et je ne t’ai plus revu.
Alors, les trois sœurs sont devenues très proches, trop disent certains… On ne laisse entrer personne dans notre cercle, pas même nos moitiés, mais la vérité c’est que sans elles, sans chacune on aurait sombré car pas tellement aidé par nos adultes référents qui ont démissionné et qui vivaient avec leur propre douleur incapable de la gérer.
Ton départ m’a procuré ce sentiment d’insécurité, de peur de l’abandon qui 25 ans plus tard n’est pas réglé. Et quand j’ai eu pour la première fois mon bébé dans les bras j’ai juste eu peur que tu le trouves aussi beau que moi et que tu viennes le chercher.
Alors je n’ai pas voulu m’attacher à lui, j’ai essayé de repousser loin mes sentiments nouveaux de maman mais voilà, il est tellement mignon, beau et attachant. Puis, il te ressemble physiquement, j’ai l’impression de te voir, vous avez le même sourire et il est blond comme toi, tellement beau ! Puis, il y a le numéro 2, il te ressemble moins, mais je me dis qu’il est sûrement aussi dragueur que toi, charmeur, toujours entouré de filles et en 1 semaine de classe déjà connu dans toute l’école par ses jolis yeux bleus. Il est comme toi, incapable de sourire sur une photo, il faut qu’il grimace. Je te retrouve dans ces 2 petits êtres. Petit à petit ils me donnent l’envie, l’espoir et l’espérance…
Parfois il m’arrive de me demander où tu en serais, ce que tu ferais. On nous a longtemps comparé tes trois sœurs et toi, ce n’est pas simple d’être celui qui reste, celui qui est là et ne peut ni rivaliser, ni égaler le disparu, pleuré et tellement aimé, tu as été placé tellement haut et sûrement à juste titre par nos parents que même à 3 nous ne faisions pas le poids.
Aujourd’hui, je pense tout particulièrement à toi, à nous, nous tous, et je sais que tu es là, tu veilles sur moi et un jour, j’en suis convaincue, on se reverra !
» Quoique je fasse, où que je sois, rien ne t’efface je pense à toi » Jean Jacques Goldman